• Frania et le devoir de mémoire

    Frania et le devoir de mémoireA l'été 1942, un million de Juifs polonais avaient déjà été assassinés et après avoir perdu son père, chef d'orchestre (au centre ci-contre), sa mère et un premier frère, ce sera au tour de Frania (à droite sur la photo), originaire de Tarnow, d'être versée en 1943 dans un groupe après avoir été sélectionnée. Elle sera sauvée par son dernier frère. Au camp de Plaszow, près de Cracovie, elle restera près de lui pendant une année avant d'être dirigée vers Auschwitz en 1944. Plaszow était le seul camp principal créé à partir d’un ghetto juif, celui de Cracovie. Placé sous la direction d'un commandant nazi, Amon GÖTH jusqu’en septembre 1944, un homme d’une cruauté inouïe qui faisait régner un régime de terreur dans le camp. elle résistera à un calvaire épouvantable. Alors qu'elle venait d'échapper à une première exécution, c'est un contre ordre qui fera que celle-ci soit remise et qu'elle puisse regagner le camp d'où elle avait été extrait pour gagner une colline environnante où elle devait mourir fusillée avec quelques autres femmes et hommes. Elle venait de contracter le typhus et ne pouvait plus travailler ni transporter les lourdes pierres qu'elle avait à véhiculer sous les injures de leurs gardiens. Suivront Auschwitz, Flossenburg et Theresienstadt et enfin, quelques mois plus tard la libération et un départ vers Paris, parce qu'il fallait bien trouver un endroit où souffler et que son malheureux père lui avait si souvent parlé de la capitale française...

    Sa petite fille Eleonore ayant insisté, Frania a revu l'endroit de son cauchemar où l'espérance de vie ne dépassait pas trois mois et où, dira-t-elle, l'odeur de chair brûlée était insupportable ! En 2007, plus que jamais décidée à dire ce qu'elle avait subi, elle commencera une tournée dans les écoles pour témoigner à l'aide d'une livre fort : Tant que je vivrai ! Ce qu'elle regrette aujourd'hui, c'est que l'on n'ait pas réussi à tirer un enseignement de ce qui s'est passé voici soixante-dix ans, déplorant que les religions continuent à séparer les gens !  

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  • Kaltenbrunner, l'oiseau de proie nazi

    D'abord nazi dans la clandestinité en Autriche, cet ancien avocat sera fervent partisan de l'Anschluβ et du rattachement de son pays au Troisième Reich. Ce seront quatre années durant lesquelles, parfois emprisonné pour rébellion, il deviendra à distance l'un des interlocuteurs cachés d'Hermann GOERING. En juillet 1934, l'assassinat du chancelier DOLLFUSS avait, il est vrai, provoqué la mobilisation militaire de l'Italie contraignant HITLER à faire arrêter les nazis autrichiens et à démanteler contre coeur leur organisation. Précédemment nommé chef de la 8e division SS, il ne participera toutefois pas à la tentative de putsch de juillet, au cours de laquelle le chancelier DOLLFUSS sera assassiné. Mais, arrêté et inculpé de haute trahison pour ses relations avec les SS allemands, il sera radié du barreau pour son activité politique. Après six mois de détention préventive, il sera condamné pour conspiration à une peine de six mois de prison, peine déjà couverte par la détention préventive. Tout rentrera néanmoins assez rapidement dans l'ordre, une fois l'Autriche devenue partie du grand Reich. Il n'est pas exclu que les liens de son père avec la famille EICHMANN aient pu aider à cette percée nazie après ces événements. Avec EICHMANN il avait d'ailleurs adhété au NSDAP autrichien dès 1932.

    Les événements se bousculeront vite après l'entrée d'HITLER en Autriche en 1938. Le 10 avril, KALTENBRUNNER deviendra député au Reichstag allemand où il siégera jusqu'à la fin du Troisième Reich, le 8 mai 1945. Il aidera aussitôt à la mise en place du premier camp de concentration en Autriche, celui de Mathausen près de Linz, qui ouvrira dès août 1938. En septembre, il sera nommé à la tête de la police régionale autrichienne. Belle revanche après avoir été arrêté quelques années plus tôt ! Devenu assez vite l'homme de confiance d'HIMMLER, et jouissant d'une réputation de spécialiste des services secrets, ce dernier le sélectionnera en décembre 1942 pour prendre la direction d'un RSHA privé de leader depuis l'assassinat de Reinhard HEYDRICH à Prague. Ce sera lui qui sera notamment chargé en juillet 1944 de l'enquête sur l'attentat contre HITLER commis à la Tanière du Loup. 

    Capturé le 12 mai 1945, les Alliés l'identifieront grâce à une maladresse de sa maîtresse. Au moment même où il était intervenu pour qu'à Altaussee au bord d'un lac devenu célèbre, on ne fasse pas sauter une mine où avaient été entreposées les oeuvres d'art venues des quatre coins d'Europe et dérobées aux Juifs. Alors qu'HITLER avait donné instructions avant de se suicider de les dynamiter. Transféré au Royaume-Uni pour y être interrogé puis, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, il sera traduit devant le tribunal allié de Nuremberg où il figurera parmi les vingt-quatre principaux principaux dignitaires nazis accusés. Après s'être d'abord effondré, il niera cependant toute responsabilité, refusant même de reconnaître sa propre signature sur des documents accablants pour lui. Condamné à mort, il sera pendu le 16 octobre 1946. 

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  •  Stéphane Hessel, celui qui nous avait appris à nous indigner !

    En 2010, son manifeste "Indignez-vous" dont il vendra près de quatre millions d'exemplaires dans une centaine de pays, n'était pas passé inaperçu, c'est le moins que l'on puisse dire, lui conférant même à 93 ans une reconnaissance supplémentaire. En admettant que cet ancien diplomate et résistant en ait eu besoin.

    Né allemand, Stéphane HESSEL était arrivé en France à l'âge de 8 ans soucieux, avec sa famille, de fuir une République de Weimar et un pays où, en 1925, plus rien n'allait. Son père, Franz HESSEL, issu d'une famille juive convertie au luthéranisme, était un homme de lettres francophile qui avait traduit dans les années 1920, Marcel PROUST en allemand en compagnie du philosophe Walter BENJAMIN. Naturalisé français en 1937, normalien, Stéphane HESSEL avait rejoint les forces françaises libres du général de GAULLE en 1941 à Londres. Revenu en France pour une mission, il sera livré à la Gestapo par l'un de ses hommes torturé. Aussitôt arrêté, il sera déporté à Buchenwald, puis à Dora, ne devant la vie qu'à une substitution d'identité avec un prisonnier mort du typhus et à une évasion réalisée de main de maître. Stéphane HESSEL, qui parlait allemand, français et anglais, était l’incarnation même de l’intellectuel européen. Après la guerre, il avait rejoint en tant que directeur administratif le secrétariat général de l’ONU, et participé en tant que secrétaire à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, entamant ensuite une carrière de diplomate qui le conduira au moment où il était attaché au cabinet de Pierre MENDES-FRANCE au Vietnam et à Alger. Elevé à la dignité d’ambassadeur de France par le Président MITTERRAND en 1981, il avait alors milité pour les immigrés sans-papiers et pour les Palestiniens. Il avait épousé peu de temps avant la guerre Vitia MIRKINE-GUETZEVITCH, une jeune russe d'origine juive, avec laquelle il aura trois enfants. 

    Il ne faudrait pas exaspérer, disait-il, il faudrait espérer. L'exaspération est un déni de l'espoir. Elle est compréhensible, je dirais presque qu'elle est naturelle, mais pour autant elle n'est pas acceptable. Parce qu'elle ne permet pas d'obtenir les résultats que peut éventuellement produire l'espérance.

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  • Herta Oberheuser, la doctoresse diaboliqueElles ont été quelques-unes à officier dans les camps de concentration ces archanges du mal, et Herta OBERHEUSER spécialisée en dermatologie en fait partie. Après avoir été médecin à la Ligue des Jeunes Filles Allemandes dès 1935 et travaillé à Dûsseldorf, cette doctoresse diabolique particulièrement zélée rejoindra le camp de Ravensbrück, où le Dr Karl GEBHARDT avait expérimenté les sulfamides, nouvellement inventés, sur des détenues polonaises surnommées « les lapins » qu’il avait auparavant mutilées. Ce monstre sera condamné à mort en 1947. Herta OBERHEUSER, elle, procédera également à des injonctions létales dans le sang d'huile et d'évipan sur des enfants qu'elle finira par tuer. Le temps écoulé entre l'injection et la mort était compris entre trois et cinq minutes, la personne torturée restant consciente jusqu'au dernier moment. Il arrivera à cette soignante perverse de leur prélever également sans anesthésie des membres et des organes vitaux. Elle fera quelques-unes des plus horribles et douloureuses expériences médicales infligeant des blessures délibérées à des sujets sans défense. En insérant par exemple des objets étrangers, tels que du bois, des clous rouillés ou de la terre dans les plaies pour voir comment réagiraient ceux qu'elle torturait.  

    Pour l’ambitieuse médecin qu'elle est, la proposition que lui feront les nazis lui permettra de montrer enfin toutes ses capacités et de gagner bien plus que ce qu'elle tirait de son emploi de soignante à Düsseldorf. Mais une fois embauchée, elle se retrouvera sous la domination des hommes… On dira le temps d'un roman évoquant ce sinistre camp et une personnalité qu'on avait voulu adoucir pour les besoins de l'écriture, qu'à force de vouloir prouver sa valeur, elle y avait perdu son âme. Si tant est que l'on puisse perdre son âme en soignant les autres. Michel CYMES, le médecin aujourd'hui bien connu pour intervenir régulièrement à la télévision se demande comment on peut épouser un métier dont le but ultime est de sauver des vies et donner la mort à ceux que l'on ne considère plus comme des êtres humains. Car, cette histoire de lapins ou en allemand de Kaninchen, le nom qu'on avait donné à ces déportées polonaises, des juives qu'elle avait en charge, illustre un certain machiavélisme. OBERHEUSER sera la seule femme à devoir s'expliquer à Nuremberg et quand on lui demandera pourquoi elle avait réalisé ces expériences, elle insistera sur le fait que seuls les ressortissants polonais étaient utilisés pour ces expériences, expliquant que les personnes qu'elle avait tuées étaient dans l'incapacité de guérir. Et que lorsqu'elle euthanasiait des mourants c'était pour les soulager ! Ben voyons donc !

    Un reportage d'Arte était revenu sur cette Herta OBERHAUSER et sur ces femmes tortionnaires nazies. En raison de son grade inférieur et du fait qu'elle n'avait à prendre aucune décision, Hera ne sera condamnée qu'à vingt ans de prison. Libérée pour bonne conduite dès 1952 et redevenue pédiatre à Stocksee en Allemagne, c'est grâce à une ancienne détenue qui l'avait reconnue et aidée par l'intervention du ministre de l'intérieur qu'elle sera à nouveau inquiétée en 1958 et qu'on l'empêchera de continuer à exercer la médecine. Fort justement. Elle décédera cependant tranquillement en 1978 à 68 ans !

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