• Walter Benjamin, le philosophe antinazi

    Philosophe et Historien de l'art, Walter BENJAMIN a été, lui aussi, contraint de fuir l'Allemagne au début des années trente mais sans parvenir à se fixer ailleurs, faute sans doute de moyens de subsistance suffisants. Réfugié allemand et considéré comme juif apatride, il devra très vite songer à quitter la France de PETAIN où il avait cru pouvoir trouver refuge dès l'arrivée au pouvoir des nazis. Rattrapé au moment où il pensait pouvoir quitter notre pays pour l'Espagne avec un groupe de réfugiés, il tentera de traverser les Pyrénées, mais du côté espagnol la police – de Franco – les arrêtera à Port-Bou et menacera de les livrer à la Gestapo. Se sentant menacé et craignant la Gestapo, il prendra la décision de se suicider en ingérant une très grande quantité de morphine. On doit à Walter BENJAMIN des travaux de traduction d'oeuvres comme celles de BAUDELAIRE, PROUST, Paul VALERY et BALZAC qu'il aura réussi à mener grâce à une parfaite connaissance de notre langue.

    Né à Berlin le 15 juillet 1892 dans une famille de confession juive, Walter BENJAMIN étudiera la philosophie, la philologie allemande et l'histoire de l'art à l'Université Albert-Ludwigs de Fribourg-en-Brisgau après l'obtention du baccalauréat en 1912. Il donnait le sentiment de s’intéresser à tout : au devenir de l’image, à la technologie, à la poésie. Un intérêt qui l'a mené à s'intéresser à BAUDELAIRE. Ami de Bertold BRECHT et de Gershom SCHOLEM, cousin d’Hannah ARENDT, issu de milieux bourgeois, il rompra très jeune avec son milieu familial et, dans les cercles intellectuels de Berlin, il était désireux d'opposer sa vision du monde à la déliquescence de Weimar puis à la montée du nazisme. En France, ses attaches avec les milieux surréalistes à Paris et avec Louis ARAGON l'inciteront à s'intéresser au marxisme mais sans qu'il devienne ensuite communiste. Après les démonstrations de la force nazie à Nuremberg en 1934, il dira des nazis qu'ils auront au moins inventé l'esthétisation de la vie politique. Sur la fin de sa vie, exilé et coupé des quelques liens qu'il avait réussi à tisser, sans argent et incompris, il s'adonnera à la morphine pour soulager un ressenti de plus en plus négatif et l'aider à supporter une santé défaillante. Penseur libre, il ne supportait pas l'oppression et vivait de plus en plus mal le chaos européen dont il était témoin. 

    Ce génial touche-à-tout qui était capable de faire le lien entre des auteurs comme BAUDELAIRE, BRECHT ou PROUST, l'histoire et la kabbale, le romantisme, le surréalisme et la photographie, reste encore grandement méconnu en France. Le regretté Stéphane HESSEL (Monsieur Indignation) lui rend hommage ci-dessous.

      

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  • Kurt Schuschnigg, le chancelier déchu

    Après avoir pris le contrôle de l'armée allemande et le début de la Seconde Guerre mondiale il ne se sera écoulé que dix-neuf mois pour Adolf HITLER. Dix-neuf mois au cours desquels il s'engagera dans une sorte de diplomatie de voyou, tout en bluffant, intimidant, menaçant ou mentant, afin d'élargir les frontières de ce futur grand Reich qu'il avait en projet. Le Dr. Kurt SCHUSCHNINGG, promu chancelier de l’Autriche en 1934 après l'assassinat de son prédécesseur Engelbert DOLLFUS, sera sa première victime. Il est d'ailleurs probable à l'examen des faits que le plan d'absorption de l'Autriche par son Reich était déjà au point depuis un bon moment et qu'il nourrissait une véritable haine et un mépris pour sa patrie d'origine. Et cela en dépit des savants montages de la propagande de GOEBBELS montrant un dictateur ravi de l'accueil qui lui avait été fait à Linz en présence de foules abondantes massées le long de la route menant en Autriche et un anschluss réussi de main de maître sans grande effusion de sang.Plus jeune député du parti social-chrétien autrichien en 1927 après avoir été avocat à Innsbrück, l'ancien ministre de la Justice et de l'Education, Kurt SCHUSCHNIGG, ne sera finalement resté que quasiment quatre ans à la tête du gouvernement autrichien du Président MIKLAS. Mis en place après la disparition de DOLLFUS en juillet 1934 à la suite d'une tentative de putsch des nazis, il n'aura, lui, d'autre solution que de pactiser avec Adolf HITLER dès juillet 1936 avant de laisser sa place de chancelier à SEYß-INQUART contraint et forcé après leur entretien houleux au Berghof du mois de Février 1938. Après avoir interdit autoritai-rement le parti nazi de s'implanter en Autriche, Kurt SCHUSCHNIGG tentera de persuader le gouvernement allemand de reconnaître la souveraineté et l'indépen-dance de l'Autriche, en faisant également appel à l’Italie, à la France et à l’Angleterre pour contrer les vues du Führer, mais en vain. Il semble que sa relation avec Benito MUSSOLINI ne se soit pas développée selon ses souhaits et que le Duce avait déjà rassuré HITLER quant aux intentions italiennes. En parfait accord avec le Président autrichien MIKLAS, SCHUSCHNIGG proposera cependant d'organiser dès le 13 mars et en désespoir de cause un référendum « pour une Autriche libre, indépendante de l’Allemagne, chrétienne et sociale » mais sans parvenir à ses fins. Le 11 mars, menaçant le chancelier autrichien d’une invasion armée, HITLER le forcera à démissionner. Immédiatement remplacé par SEYß-INQUART, SCHUSCHNIGG sera contraint de demander aux forces autrichiennes de ne pas s'opposer à la venue des troupes nazies. Un renoncement qui lui vaudra de goûter par la suite à un type d'emprisonnement un peu spécial. Alors qu'il s'estimait menacé par le nouveau maître de son pays, le malheureux chancelier tentera le 11 juin de justifier en désespoir de cause sa politique dans une déclaration, concluant celle-ci par les mots suivants : « Personnellement, je déclare ma ferme et libre volonté de rester fidèle au Führer, au Reich et au peuple dans une loyauté inconditionnelle et inconditionnelle, et je serais heureux de pouvoir servir la cause allemande ». Mais cette allégeance finale ne le sauvera cependant pas du traitement ignoble que les nazis lui infligeront après coup. Il deviendra même l'un des prisonniers les plus en vue d'Adolf HITLER, d'abord dans la prison de la Gestapo de la Morzinplatz à Vienne et de Munich, puis à partir de 1941, au camp de concentration de Sachsenhausen, au nord de Berlin. Un camp où il bénéficiera néanmoins d'une position privilégiée, sans contrainte de dormir dans l’une des casernes du camp de concentration, mais dans le département des célébrités plus aisées. Avant, toutefois, de finir ensuite à Dachau.

    Les conspirateurs qui avaient fomenté le renversement de l'état nazi le 20 juillet 1944 après avoir tenté de tuer HITLER dans sa Tanière du Loup envisageront de refaire appel à Kurt SCHUSCHNIGG pour en faire leur nouveau ministre de l'Education et des Affaires culturelles en lieu et place de GOEBBELS. Ce que l'intéressé avouera plus tard avoir ignoré et qui ne pourra s'ordonner, l'attentat ayant échoué. Comme le nouveau gouvernement autrichien et les Alliés ne désiraient pas son retour en Autriche, et alors qu'il s'était installé en 1945 en Italie après sa libération, déçu d'avoir trouvé aussi peu de camaraderie et d'amitié dans son pays, Kurt SCHUSCHNIGG émigrera aux Etats-Unis et y enseignera les sciences politiques et le droit à l’Université catholique de Saint Louis. Il ne reverra son pays qu'en 1967 après être devenu citoyen américain en 1956 et y décédera le 18 novembre 1977. De tous les ouvrages qu'il publiera au cours des dix dernières années de son existence, à noter un : Dans la lutte contre Hitler publié en 1969.

     

     

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  • Arthur Nebe, de l'extermination à une pendaison

    Premier chef de l'Einsatzgruppe et donc responsable de l'extermination de plusieurs dizaines de milliers de personnes, l'homme ci-dessus, Arthur NEBE n'est pas l'un des personnages clés du nazisme. Pourtant, dès l’arrivée des nazis au pouvoir, en 1933, son profil de policier membre du NSDAP le rendra assez vite indispensable aux tâches les plus ignobles. Mais sans doute l'homme était-il désireux de s'investir dans quantité de domaines afin de dynamiser sa carrière. Il suivra par exemple des cours de médecine et d'économie à l'université de Berlin qui lui permettront de s'intéresser à différents départements du département des enquêtes criminelles et de devenir chef du département des stupéfiants. À ce titre, il publiera un rapport sur les causes de la consommation de drogues. Fin juin 1934, il sera même missionné en vue de participer à l'assassinat d'Ernst ROHM et de ses adjoints durant la Nuit des Longs Couteaux. Nommé ensuite directeur de la police prussienne en 1935, il deviendra, en 1937, le directeur de la police judiciaire du Reich, bientôt intégrée au RSHA d'HEYDRICH, base de toutes les abominations. Il participera donc à l'élaboration de l'attentat de Gleiwitz en août 1939 avec NAUJOCKS. Policier, il sera également au travers de l'Institut technique de la police judiciaire, chargé de mettre au point une méthode d'extermination des malades mentaux. Ce qui le conduira à être directement impliqué dans l'assassinat de 70 000 personnes avant de prendre en mains l'Einsatzgruppe.

    Il semble que ce soit l'inquiétude de devoir, un jour, rendre des comptes sur ses agissements qui l'ont fait opter pour une résistance dès lors que furent connus les objectifs de "solution finale" de Wannsee au début de l'année 1942. Devenu très stressé, sa consommation élevée de tabac couplée à une ingestion trop fréquente de Pervitine l'affaibliront. Compromis lors de la tentative d'assassinat du Führer du 20 juillet 1944 mais sans qu'il appartienne au cercle restreint des conspirateurs, il n'aura d'autre solution que celle de tenter d'échapper aux équipes de HIMMLER lancées à sa poursuite. Dénoncé par une ancienne maîtresse, il sera cependant arrêté le 16 janvier 1945 et condamné à mort le 21 mars par pendaison au moyen d’une corde à piano suspendue à un croc de boucher. La sentence qu'avait promis à ses détracteurs ce Führer bien aimé qui ne transigeait pas avec la fidélité !  

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  • Konstantin von Neurath

    En dépit de son opposition lors de la négociation du traité germano-polonais, on dit que Konstantin von NEURATH aurait continué à exercer une certaine influence sur la politique allemande durant la période 1937-1938. Mais, c'est probablement sa distance avec la cour nazie et son opposition à l'anticléricalisme du Troisième Reich qui lui auront évité une pendaison à Nuremberg en 1946. Von NEURATH sera d'ailleurs désavoué par HITLER lorsqu'il s'opposera à la conclusion d'un pacte de non agression avec la Pologne en 1936.

    Bien qu'issu d'une famille où ses aïeux avaient occupé des fonctions ministérielles dans le Wurtemberg, rien ne poussait cet ancien capitaine d'un régiment de grenadiers décoré de la Croix de guerre, à participer à un gouvernement. D'abord diplomate ambassadeur d'Allemagne en Italie de 1921 à 1930 puis en poste à Londres de 1930 à 1932, c'est en devenant le ministre des Affaires étrangères des chanceliers von PAPEN et von SCHLEICHER que von NEURATH s'est retrouvé faire partie du premier cabinet d'HITLER en janvier 1933. A la demande du Président HINDENBURG. Une fonction qu'il continuera ensuite d'exercer compte tenu que son profil semblait rassurer les diplomates étrangers. Peut être aussi parce que c'était l'un des seuls à ne pas être antisémite. Il sera pourtant l'artisan du départ de l'Allemagne de la Société des Nations, apparemment à cause du refus des puissances européennes d'accepter ses demandes de parité militaire. Avec une lettre assez brusque, datée du 9 octobre 1933, c'est lui qui aura la charge d'informer le Secrétaire général de la Société des Nations, du retrait de l'Allemagne. Un départ de l'organisation internationale suivi d'une militarisation accrue, en violation avec les accords internationaux. Von NEURATH adhérera cependant au parti nazi en 1937, sans doute pour tenter de conserver des acquis, mais en février 1938 ses oppositions en tant que ministre des Affaires étrangères auront peu d'influence sur les projets de guerre d'HITLER, et il démissionnera de son poste. Nommé Gouverneur de Bohême-Moravie de 1939 à 1941, mais très vite jugé trop effacé pour n'avoir pas pris des mesures assez sévères destinées à réprimer l'opposition tchécoslovaque, il deviendra vite le second d'HEYDRICH, et, mis progressivement sur la touche, il ne parviendra plus à revenir en cour. En admettant qu'il l'ait souhaité.

    Après avoir été incarcéré durant huit ans, il sera libéré en 1954 à cause de problèmes récurrents de santé et il mourra d'une crise cardiaque le 14 août 1956.

      

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