• Marcel Déat, le socialiste qui aura mal tourné

    Normalien et agrégé de philosophie en 1920, exclu de la SFIO pour ses doctrines de plus en plus autoritaristes et son soutien à DALADIER, l'ancien capitaine qu'était Marcel DEAT (ci-contre) s'est très vite révélé séduit par les modèles fascistes. Assez favorable à des mots d'ordre comme : Ordre, autorité et nation, il pensait, contrairement aux Marxistes, qu’il fallait s’adapter à l’évolution de la société capitaliste qui ne donnait pas le sentiment de s’autodétruire. Pour lui, l’État se devait d'avoir un rôle privilégié dans la gestion de la propriété, qui devait être individuelle et il s'inscrivait contre la collectivisation et contre la révolution, source de chaos et credo des fascistes. On dira de lui qu'il donnait une impression de force sereine. Passant de l'antifascisme à l'anticommunisme, il est vrai qu'il s'était toujours situé à la droite des Socialistes, sans doute déjà prêt à faire quelques pas de plus pour rejoindre l'extrême droite pétainiste. Résolument pacifiste, il s'était prononcé pour un soutien aux accords de Munich et en mai 1939, il n'avait pas hésité à poser une question dans le cadre d'un article et devenue célèbre : Faudrait-il mourir pour Danzig ? 

    Il fondera dès 1941 et le début de la collaboration avec les nazis le Rassemblement National Populaire, qui sera présenté comme une sorte de parti « socialiste et européen » de plus en plus favorable à l'occupant nazi.  Il expliquait la victoire de l’Allemagne par la supériorité de sa « croyance collective, jeune, ardente, irrésistible » et il était favorable à l'idée que la France puisse réaliser une entente totale et franche avec son vainqueur. Sans doute grâce aux liens qu'il avait développé avec l'ambassadeur allemand Otto ABETZ, l'ami intéressé de Pierre LAVAL. Mais ce rassemblement souffrira cependant de la concurrence des autres partis et notamment de celle du Part Populaire Français de l'ancien communiste Jacques DORIOT. Marcel DEAT terminera sa carrière politique en 1944 comme ministre du Travail et de la Solidarité nationale dans le dernier gouvernement LAVAL et s'enfuira à Sigmaringen avec PETAIN et le dernier carré des ultra-collaborationnistes, avant, à la veille de son procès de se réfugier en Italie où il terminera sa vie dans la clandestinité. Condamné à mort par contumace le 19 juin 1945, celui que Charles de GAULLE voyait en 1937 aller très haut, trouvera refuge en Italie dans une pension de famille après avoir longtemps erré et finira ses jours dans un couvent italien à San Vito près de Turin où il mourra d'un œdème du poumon le 5 janvier 1955. Ce fils de petits fonctionnaires ruraux qui avait été un héros de la Première Guerre mondiale qu'il finira au grade de lieutenant cité cinq fois à l'ordre de l'armée, puis un universitaire talentueux dans les années 1920 ne sera donc jamais arrêté. Il sera enterré sous son vrai nom au cimetière de Turin le 7 janvier.

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  • Xavier Vallat, l'antisémite pétainiste

    Antisémite notoire, et Premier Commissaire général aux questions juives, ayant rang de Secrétaire d'Etat, il avait été nommé par l'Amiral DARLAN en mars 1941. Né en décembre 1891 de parents cléricaux, réactionnaires, royalistes et nationalistes, et donc à droite, on dit qu'il aurait pris sur lui l’oppression vécue par son père, instituteur public qui avait débuté avant les lois FERRY, un clérical engagé qui scolarisait des enfants dont son fils Xavier dans le privé. VALLAT restera pour la postérité l'une des figures emblématiques de l'antisémitisme français et de la persécution des Juifs sous Vichy. C'est donc à lui que les trop nombreuses victimes de rafles doivent d'avoir achevé leur triste existence dans des camps de la mort nazis et cela n'aurait pas été scandaleux qu'il termine la sienne par douze balles dans la peau comme certains de ses autres complices pétainistes. Grâce à l'intervention d'Antoine PINAY, il sera libéré en 1949 puis finalement amnistié en 1954 après une défense brillante qui, sous couvert d'un antijudaïsme chrétien, le verra nier avoir participé à l'action antisémite des Allemands. Alors qu'il avait déclaré à propos de l’expulsion d’Albert EINSTEIN « On comprend qu’un HITLER n’ait pas tenu à garder en Allemagne un individu, si savant soit-il... »

    Elevé dans un milieu profondément catholique, devenu enseignant, il sera blessé au front à deux reprises et il y perdra l'une de ses jambes, la perte d'un oeil étant due à une maladie. Elu député de l'Ardèche en 1919, et devenu avocat en 1923, ses multiples rencontres le conduiront à fréquenter l'Action Française de Charles MAURRAS et, avant-guerre, à défendre dix-sept des accusés Cagoulards comme le général DUSEIGNEUR, le duc POZZO DI BORGO ou Jacques CORREZE et déjà un certain Joseph DARNAND. Mais, c’est surtout son activité comme dirigeant de la Fédération Nationale Catholique qui fera connaître Xavier VALLAT. Il sera bientôt considéré au Parlement comme l'un des orateurs les plus brillants de la droite. « Chaque semaine, dira-t-il en parlant de son éducation et de son antisémitisme, mon cerveau d’enfant, prêt à recevoir toutes les empreintes, a dû enregistrer les images caricaturales, signées Lemot ou Henriot, dans lesquelles les Juifs au nez crochu, aux yeux saillants, aux oreilles en chou-fleur, bardés d’insignes maçonniques, jetaient à la porte des couvents des Filles de la Charité ou chassaient de l’armée des officiers qui se refusaient à crocheter des églises. » Anticommuniste et pourfendeur des loges maçonniques, cet antisémitisme le verra très vite mettre en cause des hommes comme Léon BLUM en l'interpellant à la Chambre en juin 1936 au terme d'une envolée lyrique restée longtemps dans les mémoires. « Pour la première fois, dira-t-il, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné par un juif. Messieurs, si notre ancien collègue M. Weill était ici, il ne manquerait pas de m'accuser, une fois de plus, d'antisémitisme à la Hitler. Mais, une fois de plus, il se tromperait. Je n'entends pas oublier l'amitié qui me lie à mes frères d'armes israélites. Je n'entends pas dénier aux membres de la race juive qui viennent chez nous le droit de s'acclimater comme tant d'autres qui viennent s'y faire naturaliser. Je dis, parce que je le pense - et j'ai cette originalité qui, quelquefois, me fait assumer une tâche ingrate, de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas - que, pour gouverner cette nation paysanne qu'est la France, il vaut mieux avoir quelqu'un dont les origines, si modestes soient-elles, se perdent dans les entrailles de notre sol qu'un talmudiste subtil. »

    D'abord associé au gouvernement pétainiste en qualité de secrétaire d'Etat aux anciens combattants, il prendra en charge en mars 1941 la question juive et le recensement des Juifs dès le 2 juin. Il proposera une loi du 22 juillet 1941 organisant l'appropriation et la liquidation des biens juifs par le régime de Vichy. Il sera à l'origine de l'élaboration d'un second statut des Juifs encore plus restrictif que celui d'octobre 1940. Mal vu par les Allemands, il est remplacé sous leur pression en 1942 par un autre antisémite de choc, Louis DARQUIER de PELLEPOIX avant que commence le début des déportations de Juifs. Du 29 juin au 19 août 1944 il remplacera HENRIOT au micro de Radio Paris après l'assassinat de ce dernier, à la demande de Pierre LAVAL. Arrêté le 26 août 1944 à Vichy, il sera transféré à Paris, puis emprisonné à Fresnes jusqu'à son procès de décembre 1947.

    Sans que l'on comprenne exactement le sens de ses engagements, et après avoir refait du journalisme, Xavier VALLAT se retirera en 1966 à Annonay, prenant position en faveur d’Israël lors de la guerre des Six Jours de 1967. Comprenne qui pourra. Il décédera le 8 janvier 1972. Le Commissariat, un film récemment réalisé par Michel ANDRIEU, revient sur ce bien triste commissariat aux questions juives avec un stupéfiant Jacques BONNAFFE dans le rôle du responsable antisémite.

        

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  • Alfred Rosenberg, le théoricien nazi froid

    Issu d'une famille germano-balte, ministre du Reich aux Territoires occupés à l'est, Alfred ROSENBERG, l'un des chefs nazis les moins connus, était pourtant l'idéologue du régime. Parallèlement au brûlot Mein Kampf, hostile au Christianisme, il avait publié en 1930 Le mythe du vingtième siècle souhaitant apporter la preuve que le peuple romain avait perdu sa vitalité raciale. A cause de la honte du péché, et notamment celui de la chair, qui, pour lui, entraîne une honte vis-à-vis de la conscience raciale et une perte de confiance en soi. Dès la fin de l'année 1918, ROSENBERG s'était convaincu que la lutte entre les races allait d'ailleurs devenir le moteur principal de l'histoire. Animé par un antisémitisme obsessionnel, qui nourrira les pages de Mein Kampf, il sera l'un des premiers à fréquenter l'Ordre de THULE et à y rencontrer Adolf HITLER que lui présentera Dietrich ECKART. A un moment où apatride puisqu'ayant fui Moscou, déraciné, il était en recherche de milieux populistes et multiformes comme ceux que fréquentait un certain Guido von LIST. Rendant souvent visite au dictateur à la prison de Landsberg, il sera un temps pressenti pour être le dauphin de celui-ci malgré la présence de Rudof HESS. Après la prise de pouvoir des nazis en 1933, reconnu être colérique et piètre administrateur, il subira la haine de gens comme Hermann GOERING, Heinrich HIMMLER ou Joseph GOEBBELS qui l'écarteront de tous les postes ministériels, le cantonnant à un simple rôle secondaire aux Affaires étrangères du parti. Ce qu'il n'oubliera pas après coup lorsqu'il aura à souligner le comportement discutable d'une certaine Magda GOEBBELS qui avait été passablement choquant durant les Jeux Olympiques de 1936 et qui n'était pas qu'une mère idéale à tous points de vue !

    Reconnu responsable des massacres organisés dans les pays à l'Est de l'Allemagne, cet idéologue nazi sera exécuté par pendaison le 16 octobre 1946 avec d'autres dignitaires nazis à Nuremberg. Sans doute aussi parce qu'il était resté froid et impassible face au sort de tous les Juifs qu'il avait irrémédiablement condamnés ! 

    Le témoignage de 400 pages manuscrites sur le premier cercle de fidèles au nazisme et à leur Führer, qui avait disparu lors du procès de Nuremberg, sur lesquelles ce sinistre Raspoutine germanique avait consigné ses pensées, de 1936 à la chute du régime nazi, vient de réapparaître à New York. On peut y lire que « si la Pologne avait encore régné quelques décennies supplémentaires sur les anciennes parties du Reich, tout serait pouilleux et délabré alors qu'ici, désormais, seule peut gouverner une main de seigneur sûre de son objectif ». Ce document est d’une importance capitale dans l’étude de l’Holocauste. Car ce journal met en lumière plusieurs éléments clés de la politique du Troisième Reich, source d’informations importante pour les historiens, qui pourrait d’ailleurs confirmer sinon contredire certains documents déjà connus (voir extrait vidéo ci-dessous).

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  • Otto Ohlendorf, le froid tueur intellectuel

    Comme Adolf HITLER il a fait partie de ceux qui auront mal vécu la défaite allemande de 1914-18 ! Un véritable traumatisme ! Au point de fonder en 1923 une section des jeunes du DVP et de rejoindre le NSDAP dès 1925, puis la SS en 1926. Son engagement politique lui causera cependant des problèmes à la fin de ses études secondaires au lycée de Hildesheim puisqu'il il se fera recaler en 1925 au motif de trop s'intéresser à la lutte des classes et aux problèmes sociaux, alors que c'était pourtant un intellectuel brillant. Il suivra d'ailleurs des études d'économie politique et de droit, successivement dans plusieurs universités. Ce qui ne l'empêchera pas à Hanovre de consacrer du temps à la réorganisation du parti nazi. Devenu avocat en 1933, il travaille en tant qu'avocat, il cumulera cette activité avec un poste d'assistant à l'Institut d'économie mondiale — et du transport maritime, à l'époque — de l'université de Kiel. Opposé aux courants collectivistes dans le parti, il sera muté à Berlin, à l'institut pour les sciences économiques appliquées où il lui sera néanmoins interdit de prendre la parole en public.

    Peu avant l'envahissement de l'Union Soviétique en juin 1941, son supérieur HEYDRICH le nommera responsable de l'Einsatzgruppe D., une sorte de commando d'extermination.  Alors qu'il l'avait blâmé en 1936 pour avoir critiqué le réarmement de l'Allemagne. Allez comprendre ! Avec un effectif de 400 à 500 hommes, son groupe est rattaché à la 11eme armée et opère dans le Sud de l'Ukraine, notamment en CriméeBessarabie et dans la région du Caucase. Sous son commandement de juin 1941 à juillet 1942 seront tuées près de 90 000 personnes, ces victimes étant essentiellement des Juifs, hommes, femmes ou enfants. Une des tueries les plus connues se déroule à Simferopol en Crimée en décembre 1941, qui coûtera la vie à plus de 14 300 personnes, majoritairement des Juifs. Les massacres se poursuivront jusqu'à l'été 1943. OHLENDORF savait se montrer consciencieux et efficace, et soucieux de ses hommes. Lors des massacres collectifs de Juifs, il refusera que ses hommes exécutent leurs victimes d'une balle dans la nuque, afin d'éviter qu'ils se sentent « personnellement responsables » et qu'ils puissent ainsi alléger leur fardeau psychique. Son efficacité dans les opérations d'extermination qui lui seront confiées lui vaudra une promotion en 1944.

    A la fin du conflit en mai 1945, il accompagnera HIMMLER dans sa tentative de fuite mais il sera emprisonné à l'inverse de son supérieur qui, reconnu, se suicidera. Pendant le procès des différents responsables d'Einsatzgruppen, il n'exprimera aucun regret et sera condamné à mort le 18 avril 1948 après avoir au préalable comparu à Nuremberg en 1946. Il réussira à se pendre dans sa prison trois ans plus tard. De sa participation à ces débats de Nuremberg qui ont jugé les dignitaires nazis de nov. 1945 à octobre 1946, il restera un témoignage froid, d'une monstruosité insoutenable, celui d'un tueur lui-même père de cinq enfants, qui, pour économiser une balle, préférait tuer les femmes en leur laissant au préalable prendre leurs petits dans les bras. La présentation d'un défenseur du crime propre ! Il dira qu'il avait abandonné sa conscience morale au fait qu'il était un soldat et donc un rouage relativement bas d'une grande machine.

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