Situés sur les communes de Margival, Laffaux et Neuville-sur-Margival, au nord de Soissons, le bunker du Ravin-du-loup 2 a abrité le QG du dictateur nazi et il a été opérationnel à partir de juin 1944. A un moment crucial où les dignitaires nazis prévoyant un débarquement, avaient songé que celui-ci interviendrait, non en Normandie mais dans le Nord de la France. D'autant qu'une tentative de débarquement d'un corps canadien avait déjà eu lieu en août 1942 à Dieppe et qu'avec l'aide d'un agent double on avait fait croire aux nazis que celui-ci aurait bien lieu là où ils l'attendait, en utilisant des matériaux en caoutchouc gonflable censés représenter des blindés et des canons. Ce bunker livré juste avant juin 1944 comprenait un appartement privé, une piscine, le plus grand centre des centres de transmissions bâtis jusque-là et une salle de conférence et il était évident que tout avait été prévu pour qu'il puisse être occupé assez longtemps en cas de nécessité. Or, les événements contraires de Normandie contraindront Adolf HITLER à n'y tenir qu'une seule réunion dès 8 heures du matin le 17 juin 1944 en présence du Maréchal Erwin ROMMEL et de von RUNSTEDT. Une note alarmiste de ROMMEL l'y avait incité au terme d'une bataille de Normandie qui faisait rage. Songeant à ce qui avait pu s'y passer ce jour-là, on admettra qu'il avait dû y avoir quelques distributions de récompenses au terme d'un accès de rage, celui d'un homme qui, fatigué après son long périple et aux prises avec une maladie de Parkinson assez sournoise, avait été désavoué par les événements et qui, une fois de plus, en rendra responsables ses généraux. On dit que ce jour-là, aux environs de 11 heures, une attaque aérienne avait été attendue. Quelques jours plus tard von RUNSTEDT sera désavoué et remplacé par Walter MODEL, mais le 28 août, ce qui restait des troupes et des effectifs devra quitter définitivement le site.

Le labyrinthe de béton du Ravin-du-Loup est un site architectural et historique exceptionnel et lors de son élaboration, un sentiment avait prédominé. On devait faire croire à l'ennemi et donc aux Alliés qu'on avait prévu d'être là pour longtemps et d'y rester. Un gâchis manifeste que ce bunker totalement invisible vu du ciel où, dès avril 1942, avaient été prévues des portes blindées. C'est un exemple de plus de la démesure nazie car cet ouvrage censé protéger Adolf HITLER et de lui permettre de diriger les opérations ne sera plus utilisé après l'été 1944 alors que des milliers d'hommes avaient été utilisés jour et nuit pendant dix-huit mois pour en faire un bunker de commandement de tout premier plan. Et cela d'autant plus que Paris tombera également après le débarquement de Normandie aux mains des Alliés le 25 août 1944. C'est d'ailleurs de ce bunker que devait être envoyé sur Paris l'ordre de destruction de la capitale qui avait été donné d'Allemagne mais il ne le sera pas, provoquant la furie d'Adolf HITLER. Car tout avait été prévu dès le départ pour que cette place forte implantée à proximité d'une ligne de chemin de fer, qui aurait permis d'y transporter du matériel militaire et des hommes, soit opérante et que l'on puisse y accueillir en le dissimulant dans un tunnel qui fait plus de six cents mètres de long le train du dictateur (photo ci-dessus). Un train que ce dernier utilisera beaucoup moins au cours des derniers mois du conflit et encore moins pour se rendre sur ce bunker du Ravin-du-Loup, même le 17 juin 1944. 

Depuis 2009, conservé dans un très bon état, le bunker de commandement du Ravin-du-Loup est aussi devenu un lieu de formation pour la Gendarmerie et les pompiers. Mais pour le maire de Margival qui avait tenté d'en faire une zone artisanale, il semble inutile d'attendre de l'ancien QG d'HITLER encore intact une quelconque retombée économique, l'heure étant plutôt à assurer la dépense des 3.000 euros que nécessite chaque année la sécurisation du site.